Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/167

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compris entre elle et nous… Elle, elle était trop imposante dans sa réserve, et nous, nous étions trop confiants dans la noblesse de son âme pour lui adresser jamais la moindre question sur M. Jacques. Quoi qu’il fût, il avait l’honneur d’être le fiancé d’Aimée de Spens, et cela suffisait… Mais ce jour-là, Aimée voulut qu’il fût davantage. Elle voulut qu’il fût son mari aux yeux de tous et que le mariage, impossible dans ce temps où il n’y avait plus de chapelle à Touffedelys pour le faire, et à dix lieues à la ronde de prêtre pour le célébrer, s’accomplît au moins par la promesse et par le serment, devant ces dix hommes, ses frères d’armes, avec qui, peut-être, le lendemain il allait mourir.

— Eh ! elle commence à m’intéresser, votre demoiselle Aimée ! fit candidement le baron de Fierdrap.

— C’est bien heureux ! dit plaisamment l’abbé. Préfères-tu encore ton dauphin, qui n’en était pas un, ô pêcheur plein de sagacité ?…

— Ah ! elle vous intéresse ? dit impétueusement mademoiselle de Percy, qui tira son histoire des parenthèses de l’interruption, comme elle tirait son aiguille à laine de sa tapisserie ; je ne m’en étonne pas, monsieur de Fierdrap ! Nous n’avons vu agir qu’une fois cette Aimée,