Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/181

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botte, n’ayant pas, pour son compte, une égratignure !

— Deux secondes de sensation d’hippogriphe, dit l’abbé ; mais l’hippogriphe avait des ailes, ce qui fait le Roger de l’Arioste, d’un mérite moins grand que ton héros, mademoiselle ma sœur.

— Une autre fois, reprit-elle, — toute palpitante du succès de celui que son frère venait d’appeler son héros, — s’ennuyant chez un de ses amis un jour de pluie (je crois que c’était chez ce coq batailleur de Fermanville), il lui dit : « Si nous nous battions pour passer le temps ? » car, à cette époque-là, on était ainsi à Valognes, on y tuait le temps à coups d’épée ; et Fermanville n’ayant pas d’autre objection à faire à cette proposition, qu’il n’y avait là qu’un seul sabre : « Prends la lame et laisse-moi le fourreau, » dit Juste ; et comme l’autre, qui avait du cœur, ne voulait pas de ce partage, Juste Le Breton le força bien à se servir de la lame, car il se jeta sur lui et l’écharpa avec le fourreau.

— Je ne ferai plus de réflexions, Percy, dit l’abbé éternellement taquin, parce que tu me donnerais encore une anecdote sur ton favori Juste, et Fierdrap, qui tortille son manchon d’impatience, attendrait son histoire trop longtemps.