Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/210

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Tous les Douze, nous tombâmes sous l’action de ce visage de Némésis. Mais La Varesnerie eut probablement la prévision de quelque chose d’épouvantable, qui devait amener d’abominables représailles et noircir un peu davantage la noire réputation des Chouans, qui l’était bien assez comme cela.

— Et si nous n’allions pas à votre rendez-vous, monsieur ? demanda La Varesnerie, qu’en arriverait-il ?

— Rien, monsieur ! fit fièrement Des Touches, et dans le gonflement de ses narines je vis passer comme le vent de l’épée. Je vous voulais comme témoins d’une justice, mais je n’ai besoin de personne pour faire moi-même ce que j’ai résolu. »

La Varesnerie réfléchit un instant. Il y avait du chef dans cette tête de La Varesnerie. Il était jeune. Quelque temps après cette époque, M. de Frotté le nomma major.

— Seul contre plusieurs peut-être, murmura-t-il. Non, monsieur, nous vous avons sauvé et nous vous devons au Roi. Nous irons tous ; n’est-ce pas, messieurs ? »

Nous en convînmes, baron, et nous nous quittâmes, en prenant des sentiers différents. Je m’en allai, moi, avec ce Juste Le Breton, que vous appelez mon favori, mon frère. Vous avez raison ; il l’était, et je n’ai pas besoin