Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/51

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pour un de ces gentilshommes qui ne se connaissaient pas tous les uns les autres, mais qui s’appelaient également tous, les uns pour les autres, « Cocarde blanche ! » Aurais-tu jamais cru que l’un des Pâris de notre belle Hélène fût… ma sœur ?…

— Vraiment ! dit M. de Fierdrap, qui ne prit pas garde au geste comique et théâtral de l’abbé de Percy, en disant ces dernières paroles. Les yeux gris-fauve du baron se mirent à jeter des étincelles comme la pierre à fusil, dont ils avaient la nuance, quand elle tombe dans le bassinet. Vraiment ! répéta-t-il, mademoiselle ! vous faisiez partie de la fameuse expédition des Douze ? Alors permettez-moi de baiser votre vaillante main, car, sur ma parole de gentilhomme, voilà ce que je ne savais pas !

Et il se leva, alla rejoindre au beau milieu du salon mademoiselle de Percy, qu’il prit par la main, une main un peu forte et si virginale que la vieillesse ne l’avait pas blanchie, et il la lui baisa avec un sentiment si chevaleresque qu’il en aurait été tout idéalisé aux yeux d’un poète, cet antique pêcheur à la ligne, avec sa mise hétéroclite et son nez jaspé !

Elle la lui avait donnée comme une reine et quand il eut fait retentir son hommage, un hommage militaire, car le baiser du vieil enthousiaste fit presque le bruit d’un coup de