Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/71

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— Sur mon honneur, c’est la vérité ! j’ai là glissé comme une anguille, dit M. de Fierdrap ; et se tournant vers mademoiselle de Percy, littéralement à l’état d’outre, gonflée par l’histoire qu’elle était obligée de retenir, pendant que ces messieurs parlaient :

— Excusez-moi, ajouta-t-il, mademoiselle, quoique le plus coupable des deux soit votre frère, avec son dauphin qui m’a rappelé le mien…

— Oui, fit l’abbé toujours mythologique, comme Arion, un dauphin t’a emporté sur sa croupe et tu as bientôt gagné le large dans la haute mer des distractions…

— Mais je suis à présent tout oreilles pour vous écouter, mademoiselle, continua M. de Fierdrap à travers la plaisanterie de l’abbé, qui ne l’arrêta pas…

Mademoiselle de Percy, dont l’impatience ressemblait à une menace d’apoplexie, et qui débâtissait convulsivement les points qu’elle avait faits à son travail de tapisserie, repoussa son canevas dans sa corbeille ; et tenant ses ciseaux, les seules armes dont sa main d’héroïne fût maintenant armée, et dont elle tambourinait de temps en temps, sur le guéridon, contre lequel elle était accoudée, elle commença son récit :

Histoire militaire, digne d’un bien autre tambour !