Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/205

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appuyée et plus profonde. C’est plutôt de la causerie sur l’histoire que de l’histoire, mais c’est une causerie d’une grande justesse. Le livre de Gabrielle d’Estrées, écrit avec le sang-froid de l’homme d’État encore plus que de l’historien, se distingue par une simplicité d’expression ravissante en Capefigue, qui d’ordinaire aime à fringuer et à faire briller la paillette chère au siècle qu’il a tant aimé Pour tout dire d’un mot, c’est un livre où la rectitude des idées a créé, seule, un talent sur lequel nous ne comptions plus. Même ce marbre dont nous parlions plus haut, ce marbre y est, et si nous avions une critique à faire, ce serait peut-être qu’il y est trop.

II

Et il n’y a point là de contradiction, comme on pourrait le croire. Si l’impartialité est de rigueur pour l’historien tout le temps qu’il raconte les faits, scrute les causes et peint les caractères, une fois cette triple trame de l’histoire impassiblement déroulée, il reste la conclusion dernière, le jugement suprême à prononcer ; et cette conclusion et ce jugement ont toujours autant de chaleur, de passion et de vie, qu’il y en a dans la conscience et le sentiment moral de l’historien. Eh bien, c’est cette passion et cette vie, qui révèlent la force de la conscience, que je voudrais