essuyé, purifié, éclairci. Nous aurions voulu qu’on
eût répondu une fois pour toutes aux esprits les plus
forts, les plus imposants, qui ont regardé sans rire
ce pays qui semble exciter je ne sais quelle méprisante
gaîté, et qu’on eût renversé, par exemple, pour
ne plus le voir jamais debout, ce jugement terrible
d’un de ces grands esprits qui ont, dans les choses de
l’histoire, l’infaillibilité de leurs instincts : « Quand
on m’aura montré des sociétés aussi fortes que la
judaïque et que la chrétienne (si c’est la chinoise,
montrez-le !), je croirai à la divinité de leur religion.
Sera-ce le Chinois, le Chinois, le plus faible de tous
les peuples, qui se multiplie par la polygamie et se
consomme par l’infanticide ; dont les troupes innombrables
n’ont pu résister, même avec de l’artillerie,
à quelques hordes armées de flèches ; qui,
même avec l’imprimerie et quatre-vingt mille caractères,
n’a pas su encore se faire une langue que
l’étranger puisse apprendre ; qui, avec quelques
connaissances de nos arts et la vue habituelle de
notre industrie, n’a pas fait un pas hors du cercle
étroit d’une routine de plusieurs mille ans… peuple
endormi dans l’ombre de la mort, cupide, vil, corrompu,
et d’un esprit si tardif qu’un célèbre
missionnaire écrivait qu’un Chinois n’était pas capable de suivre dans un mois ce qu’un Français pourrait lui dire dans une heure. » Nous aurions voulu, enfin, que les historiens apologistes de ce pays ainsi
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