Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/312

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comme il y en a, il faut le reconnaître, de plus longues les unes que les autres, il leur a mis, à toutes, des étiquettes pour qu’on pût apprécier les différences de leur longueur !

Voilà, en quelques mots qui en disent peut-être trop peu, l’Introduction que le publicateur de Saint-Simon appelle son Introduction générale. Voilà la divertissante hécatombe d’archivistes officiels qu’il immole sur le tombeau brisé de Saint-Simon. Ils n’équivalent pas certainement à des bœufs pour le travail, mais ils l’emportent sur des bœufs pour le ruminement oisif dans le pâturage plus ou moins gras de leurs archives ! C’est une justice publique très bien faite, et avec le petit mot pour rire du plus aimable bourreau qui ait jamais coupé le sifflet à quelqu’un. La seconde Introduction, qui suit la première, est d’un autre ton. Elle est consacrée à Saint-Simon tout seul, au Lazare délivré, qui sortira prochainement tout entier de son sépulcre, mais qui n’en sort qu’une partie de lui-même aujourd’hui… Nous n’avons en ce présent volume que Saint-Simon dans une des spécialités de sa vie… Ce n’est plus le Saint-Simon des Mémoires. Ce n’est plus le courtisan magnifique et terrible qui se dévorait d’orgueil et d’ambition exaspérée dans cette plénitude enflammée de Versailles, où Louis XIV créait le vide et le froid pour un homme rien qu’en se détournant de lui ! Ce n’est plus le désespéré qui serait mort chaque jour si, chaque soir, en