Page:Barbey d’Aurevilly - Amaïdée, 1890.djvu/51

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rance dans le cœur, combats pourtant comme si tu devais remporter la victoire !… »

Ainsi dirent-ils longtemps encore, le Philosophe et le Poète. La nuit les surprit devisant. Elle tomba entre eux comme un silence ; Dieu jeta dans les airs ses poignées d’étoiles, et parmi elles et plus bas que le ciel, sur la terre obscure, quelque rossignol qui se mit à chanter, pour consoler le monde de la lumière perdue par l’Harmonie. Le ciel se réfléchissait en Somegod et dans l’Océan, dans le Poète et dans l’abîme.

Altaï était rentré dans la maison ; il regardait la femme qui dormait, à la lueur épaisse et fumeuse de la lampe d’argile. Duumvirs de la pensée qui s’étaient partagé le monde, l’un avait pris la Création pour sa part, et l’autre, plus ambitieux, s’emparait de plus vaste encore : — la misérable créature. C’était la part du Lion.