Page:Barbey d’Aurevilly - Ce qui ne meurt pas, 1884, 2e éd.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XV

Les quelques jours que madame de Scudemor avait marqués pour le mariage de Camille et d’Allan ne tardèrent pas à s’écouler. Comme depuis son retour d’Italie on savait à peine à Paris qu’elle fût revenue, et que d’ailleurs sa santé aurait été un suffisant prétexte pour ne pas donner de fêtes à l’occasion de ce mariage, elle n’y invita personne. Il fut résolu que rien ne serait changé à la vie qu’ils menaient tous les trois au château des Saules jusqu’à l’hiver, époque à laquelle le jeune ménage partirait pour Paris.

Le mariage se fit donc, — comme tous les mariages devraient se faire, — obscurément, au fond d’une campagne, dans une petite église de village. Nulle société envieuse, ironique et impie n’accompagna ces deux beaux jeunes gens qui s’unissaient devant Dieu, et n’espionna les joies modestes de la femme sur le front où, le lendemain, d’obscènes regards les y eussent cherchées à travers de confuses rougeurs. Pour tous témoins, il n’y avait là que quelques jeunes gens et quelques vieillards du village, vêtus de leurs habits de fête. Simples âmes, qui voyaient dans cette cérémonie du mariage le plus grand événement de leur vie à