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ÉPILOGUE
allan à andré d’albany
Aux Saules.

« André, vous savez mon histoire. Elle servira à vous faire comprendre ce que j’étais et ce que je suis devenu. Elle servira à vous introduire dans le caractère et la position de votre ami. Vous me l’avez franchement demandée, et je vous l’ai dite. J’ai vaincu pour vous la répugnance qu’on éprouve toujours à revenir sur une époque de la vie où l’on a été faible et coupable. Je fus déplorablement l’un et l’autre. Mais je tiens peu compte, mon ami, des répugnances de la vanité, parce que s’il est une pudeur fière qui ne poursuit pas les passants des misères qu’elle veut qu’on plaigne ou qu’on admire, je crois que nous devons notre vie, de toutes manières, aux autres hommes. Qui sait si dans la vie la plus obscure et en apparence la plus inutile, Dieu n’a pas mis quelque grand et mystérieux enseignement ?

« Lorsque, voici tantôt deux ans, j’ai fait votre connaissance, André, et que vous vîntes vers moi de toute la force d’une sympathie à laquelle je me serais reproché de n’avoir