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328 FEMMES ET MORALISTES mais le pousse et l’augmente, au contraire, pour faire croire qu’il est très vivant, comme l’autre homme, en retenant le sien, voulait faire croire qu’il était bien mort. Et, pardonnez-moi 1 je me défie, comme l’ours se défiait...

II

Cela dit, en manière de préface, je veux bien prendre ce livre de La Papesse Jeanne comme on nous le donne, sans discuter ses origines. C’est de très grande prétention. Une histoire d’abord, et un roman ensuite. L’auteur de cette Papesse Jeanne, Rhoïdis ou non, Rhoïdis ou Grisélidis, est une espèce de Janus litté- raire à deux faces, burlesque et grave, dont l’une (la burlesque) rit et veut faire rire le public, en tirant une langue qui compromettrait Quasimodo, et dont l’autre (la grave) se fronce et se grime en visage de pédant, coiffé de textes et poudré de poussière. Mal- gré son nom qui rappelle les roses, Rhoïdis n’en est point une, placée dans les feuillets des livres et qui les parfume... Il n’est que le cloporte qui les ronge, et qui vit dans la feuille moisie... C’est, du reste, par amour idéal pour la Papesse Jeanne qu’il est devenu le cloporte des bibliothèques. C’est pour elle qu il s'est fait savant ; qu’il a remué toutes les chroniques ; qu'il