Page:Barbey d’Aurevilly - Gœthe et Diderot, 1913.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les différences de pays et d'époque, de langue et d'idée, d'influence et de destin, Gœthe et Diderot — pour qui creuse et pénètre au delà — sont des esprits de nature identique... Gœthe — le dernier venu des deux — est certainement le plus grand dans l'opinion des hommes, comme Charlemagne est plus grand que Pépin ; mais c'est Diderot qui est le prédécesseur et le père, — et encore est-ce un père qui n'a pas donné tout son tempérament à son fils. Gœthe, sans Diderot, pourrait exister peut-être, comme Diderot lui-même ; mais ils n'en sont pas moins tous deux des esprits de même substance et de même race, — et tellement qu'en écrivant de Gœthe, ce Voltaire de l'Allemagne, qui n'eut personne pour contrebalancer sa gloire, il est impossible de ne pas penser à Diderot, qui eut Voltaire à côté de lui pour tuer, par la comparaison, la sienne ! Et fatalement on y a pensé. L'auteur de ce livre est arrivé de l'étude sur Gœthe à l'étude sur Diderot, qui l'a complétée... Seulement, tout d'abord, il n'a pensé qu'à Gœthe, — à cette