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DIDEROT

phiques ou littéraires chères à chacun d’eux, n’avait osée : — c’était de le laver, aux yeux des hommes, de son athéisme et de son immoralité.

Tous avaient pris Diderot avec ces deux taches ; ils l’avaient pris ruisselant de la boue dans laquelle il s’était vautré, et ils l’avaient admiré, nonobstant, comme un magnifique animal auquel la fange dont il est couvert n’enlève ni les belles proportions ni la vigueur des attitudes. M. Génin, qui n’est pas, lui, un monstrueux en philosophie, — qui n’en a guères qu’une toute petite, longue comme le pouce (la liberté de l’examen), se dévoua, pour l’honneur de cette philosophie, au travail monstre d’essuyer Diderot. Mais une telle besogne demandait une main plus forte que la sienne. Il n’était guères qu’un Sainte-Beuve desséché, à l’analyse microscopique, qui l’appliquait à l’homme le moins fait pour être regardé au microscope, et qui se contentait de fendre en quatre les cheveux de la perruque ébouriffée de Diderot pour nous prouver que ce n’étaient pas des serpents… On