Page:Barbey d’Aurevilly - L’Amour impossible, La Bague d’Annibal, Lemerre.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VIII


Joséphine n’était pas de ce blond étrange, insaisissable, tout semblable à l’or mystérieux versé par l’aile d’émeraude de la cantharide ! — Le reflet fauve de ses cheveux s’éteignait sous une nuance gris de perle. Il n’y avait en elle rien de printanier, de vif, d’étincelant et de frais. Son front, légèrement bombé, — marque d’un caractère opiniâtre, — ainsi que son cou et ses épaules, ressemblait à de l’ivoire un peu jauni. Ses yeux étaient d’un bleu orageux comme la mer, les veilles de tempête, couleur indéterminée, mais sombre, entre l’olive et le violet ; on n’aurait pu saisir l’âme au travers. Sa lèvre, dont les dents rompaient à chaque instant les veines, — habitude de coquetterie à la Pompadour, ou peut-être passion réprimée, — était malade et épuisée ; mais son sourire n’exprimait jamais ni désir, ni tendresse, ni mélancolie, cette sainte trinité du sourire des femmes ! Quand je la regardais, je ne pouvais m’empêcher de penser au Sphinx.

Que de fois j’eus la tentation de palper cette taille longue et gracieuse, pour voir si quelque