Page:Barbey d’Aurevilly - L’Amour impossible, La Bague d’Annibal, Lemerre.djvu/338

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CXLV


Ce n’était donc pas Joséphine ; mais qui diable était-ce, en ce cas ?… La chronique ajoutait — mais la chronique est si menteuse ! — que le partner femelle d’Aloys, à ce souper au moins bizarre, ne rappelait en rien madame d’Alcy. Elle n’avait pas, il s’en fallait, ce parfum de vertu aristocratique : ce n’était pas un ange du même ciel. C’était un être inférieur, — malheureusement charmant, — digne du mépris de toutes les femmes ; une espèce de tigresse… pour l’appétit seulement, qui mangeait à belles dents de nacre, et qui, le corset plein du marbre brûlant de la jeunesse, se trouvait assez peu sylphide pour préférer un verre de champagne à de la rosée dans des fleurs ! Ne croyons pas à la chronique, madame. Elle a dit… que n’a-t-elle dit ? Moi, je ne sais pas ce qu’ils purent faire dans ce repas des funérailles, donné avant le dernier soupir de l’amour ; mais ce que je sais bien, c’est qu’Aloys avait le lendemain, à l’Assomption, toute la gravité de circonstance, c’est-à-dire — qu’il était fort gai.