Page:Barbey d’Aurevilly - L’Ensorcelée, Lemerre, 1916.djvu/200

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Mon trône est sous un buisson,
J’ai pour sceptre mon bâton,
Toure loure la,
La, la, la, la, la, la, la, la !

Je rôde par tout chemin
Et de village en village.
L’un m’donne un morcet de pain,
L’autre un morcet de fromage…
Et quelquefois, par hasard,
Un petit morcet de lard…
Toure loure la,
La, la, la, la, la, la, la, la !

Je ne crains pé, pour ma part,
De tomber dans la ruelle,
Ou qu’la chaleur de mes draps
Ne m’engendre la gravelle…
Je couche sur le pavé,
Ma besace à mon côté.
Toure loure la,
La, la, la, la, la, la, la, la !

Au dernier la de ce couplet, le Hardouey atteignait un de ces replis de terrain que j’avais, si on se le rappelle, remarqués dans ma traversée avec Louis Tainnebouy, et il avisa, très bien cachés par ce mouvement du sol, comme une barque est cachée par une houle, trois mauvaises mines d’hommes couchés ventre à terre, comme des reptiles. Malgré la chanson de pauvre que chantait l’un d’eux et le costume qu’ils portaient, et qui est le costume séculaire des mendiants dans le pays, ce n’étaient pas des men-