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XIV

Il était nuit noire quand l’abbé de la Croix-Jugan traversa Blanchelande et rentra dans sa maison, sise à l’écart du bourg. Il n’avait rencontré personne. En Normandie, comme ils disent, les paysans se couchent avec les poules, et, d’ailleurs, la scène effrayante du matin avait vidé la rue de Blanchelande, car les hommes se blottissent dans leur maison comme les bêtes dans leur tanière, quand ils ont peur. Rappelé par la mort de la Clotte au sentiment de ses devoirs de prêtre, l’abbé de la Croix-Jugan attendit le lendemain, malgré les impatiences naturelles à son caractère, pour s’informer d’un événement dans lequel l’ardeur de sa tête lui avait fait entrevoir la possibilité d’une reprise d’armes. Il sut alors, par la mère Mahé, les détails des horribles catastrophes qui venaient de plonger Blanchelande dans la stupéfaction et l’effroi.

L’une de ces catastrophes avait un tel caractère que l’autorité, qui se refaisait alors en France, au sor-