Page:Barbey d’Aurevilly - L’Ensorcelée, Lemerre, 1916.djvu/282

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noir en agrafant sa chape par-dessus, en sorte que sa tête n’avait point quitté son encadrement habituel, fermé par la barre de velours noir de l’espèce de mentonnière qu’il portait toujours.

« Qui fut bien surpris et eut le nez cassé ? — me dit maître Tainnebouy, qui prétendait tenir tous ces détails de Nônon elle-même, — ce furent les filles de Blanchelande, monsieur ! Quand il passa auprès du banc de la malheureuse dont il avait causé la perte, on ne s’aperçut pas tant seulement qu’il eût un cœur à l’air de son visage. On n’y vit rien, ni stringo ni stringuette, et on se demanda tout bas s’il avait une licence du pape, le vieux diable, pour dire la messe en capuchon. Mais ne vous tourmentez, monsieur ! la suite prouva bien qu’il n’en avait pas ; et les filles et les gars de Blanchelande, et bien d’autres, en virent plus long à c’te messe-là qu’ils n’auraient voulu. »

Ainsi, pour un moment, la curiosité et l’attente universelle furent trompées. L’abbé de la Croix-Jugan n’avait rien de nouveau que sa chape fermée sur sa poitrine par une agrafe de pierres précieuses, d’un éclat prodigieux aux yeux de ces paysans éblouis.

« D’aucunes fois, depuis, j’ons bien regardé ! ce tas de pierreries n’a éclaffé com’ cha sur la poitrine de nos prêtres », disaient-ils à la comtesse de Montsurvent, qui expliquait le phénomène un peu par l’imagination, un peu par le manteau du capuchon qui faisait repoussoir au blanc éclat des pierreries, mais qui ne pouvait s’empêcher de sourire de ces incroyables superstitions.

La procession fit le tour de l’église, le long des