Page:Barbey d’Aurevilly - Le Cachet d’onyx, Léa, 1921.djvu/22

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doux de faire la petite bouche aux félicitations que lui adressait une jeunesse aux paroles légères. Modestie qui n’était pas même hypocrite, car il y a des aveux qui affichent une femme comme un placard.

Pour Hortense, du moment qu’elle aima Dorsay elle finit sa vie de coquette. Bien plus, elle cessa d’être aimable pour les autres femmes ; elle n’éparpilla plus son esprit et son âme, elle ne les effeuilla plus en mots piquants ou affectueux pour les jeter à la société qui l’entourait et dont elle faisait le charme. Le mouvement de la conversation, auquel elle se livrait avec une sensation de plaisir presque enivrant, ne l’emporta plus. Tout ce qui l’intéressait le plus vivement autrefois cessa de lui plaire. On eût dit qu’une peine secrète l’avait atteinte, si le cœur pouvait faire mal avec tant de rayons d’or dans les regards, et si sa préoccupation n’avait pas trahi son bonheur.

Cette femme, que l’on avait vue fière d’elle-même comme Niobé l’était de ses enfants, méprisait ses succès passés et s’étonnait comment ils avaient pu suffire à sa vie. Un jour, cependant, elle eut la fantaisie, une de ses fantaisies d’autrefois, un de ces charmants enfantillages de femme qui se retrouvait par