Page:Barbey d’Aurevilly - Le Cachet d’onyx, Léa, 1921.djvu/39

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le cœur et relever la tête, de la poussière qui prend à la gorge, des sorbets glacés qui jettent du froid jusque dans les épaules et dont seulement une goutte ferait tant de bien si elle tombait sur le cœur, de la valse qui l’emportait dans des bras de chair humaine et lui faisait chercher dans des pressions voluptueuses des ressemblances et des souvenirs. C’était comme le pulmonique avec sa rage des acides qui doivent le tuer.

Il fut des soirs où nous la vîmes plus belle ; aucun où elle parût plus ravissante ! Qui eût dit alors que ces yeux d’une ardeur à brûler les cils de l’amant qui les fixait, étaient souvent rougis de larmes ? Que ce sein de houri n’était plus qu’un trône désert, un coussin abandonné, malgré la fraîcheur de son tissu soyeux ? Et que ce sein, sous ses ravissantes courbures, cachait un bouton de pourriture, une horrible tache de gangrène ? Oh ! personne de nous ne l’aurait dit. Et cependant, en observant attentivement cette danseuse effrénée, se jetant au plaisir d’un mouvement acharné, comme le stylet se lance dans une poitrine exécrée, on eût deviné qu’elle cherchait à se soustraire à une idée persécutrice, qu’elle était vaincue, qu’elle fuyait, bientôt atteinte, dépassée, attaquée de nouveau en