de la connaître. Mais auprès de toi, mon ami, il n’y a pas de place pour un regret. »
Et en-dessus de la barre d’acajou, les mains des deux amis se pressèrent.
« J’ai craint longtemps, — reprit le premier interlocuteur, — que la générosité de ton sacrifice ne te devînt amère. Quitter Florence, tes études, tes plaisirs pour revenir avec moi à Neuilly, te faire le témoin des souffrances de ma pauvre sœur, et partager mes inquiétudes et celles de ma mère, n’est-ce pas là le plus triste échange ?
— En supposant qu’il y ait du mérite à éprouver un sentiment tout à fait involontaire, mon cher Amédée, tu t’exagérerais encore ce que mon amitié fait pour toi. Quand ta sœur ira mieux, ne pourrons-nous pas reprendre le chemin de cette Italie que nous venons de quitter ? Oh ! espérons que les craintes exprimées dans la lettre de ta mère n’ont aucun fondement.
— Je le saurai bientôt, — dit Amédée, et il frappa du fouet qu’il tenait à la main le cheval qui redoubla de vitesse ; — mais je n’augure rien que de sinistre du style de ma mère : croirais-tu qu’elle me parle d’un commencement d’anévrisme. »
Réginald de Beaugency et Amédée de Saint-