Page:Barbey d’Aurevilly - Le Roman contemporain, 1902.djvu/121

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GUSTAVE FLAUBERT 113 Profonde décadence d’un esprit qui fut homme, mais que voilà redevenu enfant, et qui n’a plus à son service que des procédés d’enfant. Les enfaiits, en revenant de Técole, font quelquefois d’abominables bonshommes sur les murs. Les littératures qui retom- bent à l’état d’enfance peignent les objets comme les enfants les peignent, pour l’objet même, — l’objet isolé et en soi, — sans se soucier de l’ordre, de la pensée, de la logique, de la vraisemblance, de la pers- pective. Et tel est le procédé de Flaubert. Il n’en a pas deux. Il n’en a qu’un. Dans Madame Bovary, son premier livre, on l’avait vu poindre. La description y était fatigante, éternelle. Tout le monde moral de l’art y passait dans la simple représentation phy- sique, et plus tard, dans Salammbô, ce fut bien pis... Mais si déjà Flaubert abusait alors de son unique procédé, la description, la plus minutieuse descrip- tion, le calque à la vitre de toute réalité, qui, pour faire trop réel, supprime la vie, il l’appliquait du moins encore comme un être raisonnable ; il était encore maî- tre de son procédé ; mais, à présent, c’est son procédé qui est son maître. Dans sa Tentalion de saint Antoine^ il fait partout ce que les enfants font sur les murs, et cela lui est d’autant plus facile que, son mur, c’est