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CHAPITRE X

Mme A. CRAVEN[1]



I


L’auteur de ce roman, couronné par l’Académie, est coutumier du fait des romans couronnés par l’Académie… Il n’était pas, dans l’origine, une femme de lettresMme Augustus Craven avait le bonheur et l’honneur de n’être pas un bas-bleu. Elle était célèbre pourtant. Elle était entrée dans le succès et la célébrité par un livre qui en est, pour l’heure, à la vingt-septième édition. Le récit d’une sœur, comme les Lettres et les Memoranda d’Eugénie de Guérin, a fait le tour du monde et il est tout prêt à le recommencer. C’est une valse mélancolique et enchantée, qui peut recommencer toujours ! Elle est composée sur des motifs éternels. Tant qu’il y aura des cœurs, et des cœurs religieux, on relira ce livre de Mme Augustus Craven, car tous les cœurs ne sont pas aptes à sentir et à goûter ce livre-là. Il faut la foi, ici comme pour les miracles ; mais pour ceux-là qui ont la foi, c’est vraiment une œuvre d’émotion et d’édification incomparable. À exactement parler, ce n’est pas un livre, et c’est sa gloire comme son caractère, de n’être pas un livre. C’est l’histoire d’une famille de chrétiens, charmants et sublimes tour à tour, comme

  1. Le Mot de l’énigme. Chez Didier