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CHAPITRE XXIV

Mme CLAIRE DE CHANDENEUX[1]




I


C’est encore une nouvelle débarquée dans la littérature. Elle n’arrive point, celle-ci, toute pimpante de Russie, comme Mme Henry Gréville, mais de la première ville de garnison venue — avec armes et bagages ! Elle a l’honneur (dit-on) d’être la femme d’un officier, et ses Ménages militaires semblent le dire aussi, mais ils ne le disent pas, comme je l’aurais voulu pour elle. J’ignore si ce nom, à tournure romanesque, de Claire de Chandeneux, est son vrai nom, ou si c’est un nom qu’elle s’est donné comme tout bon bas-bleu qui ne veut être que par soi-même. Toujours est-il que dernièrement, dans un journal, je l’ai vu rouler, ce nom qui a la condescendance d’être resté féminin, parmi ceux des hommes forts qu’on appelle : la Société des gens de lettres, et franchement il avait bien le droit de se montrer parmi eux ! Mme Claire de Chandeneux est digne de faire partie de ces Hercules. En moins de deux ans (de 1876 à 1877), elle a rudement attesté sa virilité littéraire par six volumes de romans, et l’éditeur Plon en annonce encore !! Quelle raide facilité ! Ah ! quand les femmes

  1. Une faiblesse de Minerve. — Le Lieutenant de Rancy. — Les Ménages militaires. Chez Plon.