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L’ABBÉ MITRAUD[1]



Le livre de M. l’abbé Mitraud a été l’occasion d’un véritable phénomène. Ce livre d’un prêtre qui pose là nécessité d’une théocratie a été salué par tous les ennemis de la théocratie et des prêtres. Ils l’ont exalté presque à l’égal d’une découverte. N’est-ce pas singulier ?… Tous ces haïsseurs de la vieille Église romaine se sont pris de je ne sais quel goût, — ou plutôt d’un goût que je m’explique très bien, — pour un livre qui a la prétention d’être un livre de science sociale en restant du christianisme. Tous les critiques de notre temps, qui nous disent avec des variantes que Joseph de Maistre n’est qu’un sublime brise-raison, et Bonald un antiquaire d’idées, ont vanté M. l’abbé Mitraud et en ont fait un colosse, portable encore, il est vrai, mais un de ces jours trop lourd, même pour le triomphe. La chose est devenue si forte que

  1. De la Nature des Sociétés humaines, par M. l’abbé Théobald Mitraud.