Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maintenant les éditeurs qu’ils cherchèrent, et, grâce à eux, il nous étale les premiers costumes de sa pensée avec la tendresse que M. Denis avait pour son habit jaune en bouracan. Le bouracan de M. Renan est remis sous la vitrine.

Ah ! nous ne voulons pas perdre nos rogatons !

L’Essai sur le langage est de 1848. C’est un enfant de douze ans qui n’a pas grandi. M. Renan ne l’a ni modifié, ni augmenté, ni raffermi. Il s’est contenté d’y joindre une préface où il se félicite d’avoir pensé comme MM. tel et tel d’Allemagne et de ne différer que de quelques nuances de ces grands hommes, qui ne sont encore que de grands Allemands. Or, les nuances impliquent tant de choses aux yeux de ces laborieux tisseurs de riens ! Vains et tristes tissages ! On dirait, à les voir tous dans cette préface, des aliénés, à force de science, occupés à chercher la petite bête invisible, la mouche narquoise de l’impalpable qui fuit leur main. Ils sont là tous, ces happeurs de vide. Il y a là un M. Grimm, qui croit aux langues monosyllabiques sans flexion, mais agglutinées, et qui compte trois âges dans le développement du langage, après trente mille ans de chronologie. Il y a un M. Steinthal, trop subtil même pour M. Renan, qui l’accuse de s’évanouir dans un formalisme profondément creux, M. Steinthal, qui a travaillé énormément pour arriver à dire que le langage naît dans l’âme d’une manière aveugle.

Il y a encore MM. Bunsen et Max Muller, qui ont inventé