Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/162

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théories méprisables. Appliquer à tous les ordres de faits le même procédé superficiel et vicieux est une opération qu’on signale, mais sur laquelle il n’y a point à revenir. Dorénavant, quand nous parlerons de M. Ernest Renan et de ses œuvres, c’est qu’il aura pris la peine de se transformer.


V

En effet, Hegel aujourd’hui, Hegel lui-même est en question, compromis et à la veille du déshonneur philosophique le plus complet, malgré les transcendantes aptitudes de sa pensée. Or, s’il en est ainsi, que voulez-vous qu’on dise des esprits de second ou de troisième degré qui vivent sur sa méthode comme le puceron dans sa feuille ? Il y a cependant à dire en faveur de M. Renan que de tous ceux qui se sont servis de l’instrument logique forgé par Hegel, il est celui qui a le plus entassé de contradictions l’une sur l’autre et élevé le plus haut la philosophie du rien sur des pyramides de peut-êtres. M. Proudhon avait déjà commencé cette terrible vulgarisation de la méthode hégélienne qui doit la ruiner, mais M. Proudhon est un brutal et même un bestial quand il n’est pas un ironique qui se moque de lui-même et de son lecteur, et qui a raison pour tous les deux ! Il y a dans cet homme de gausserie profonde la carrure d’un négateur effroyable et d’un mystificateur prodigieux, tandis que dans M. Renan, l’homme s’ajuste avec le système,