Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/221

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broderies de robe, inscriptions de lambris, peintures d’éventail, dessus de porte, arabesques, mais elle n’a aucune influence réelle sur leur caractère et leurs actes, et elle ne peut pas en avoir, car voici précisément où un homme, qui n’aurait pas été M. Louis-Auguste Martin, aurait été amené à conclure de toute cette histoire de la Chine.

C’est que la morale ne peut pas exister par elle-même, et qu’où elle est seule, avec ses principes tirés de soi, sans le Dieu personnel et rémunérateur qui punit ou qui récompense, elle n’est plus qu’une sotte et intolérable dérision !


IV

Mais pour M. Louis-Auguste Martin, la conclusion devait être et a été toute différente et même contraire. La morale qui a le plus marqué une civilisation de son cachet, comme la civilisation chinoise, a dit M. Martin, ne l’a marquée que par dehors, comme l’habit ou la peau d’un homme, mais elle n’a jamais pénétré dans ses mœurs. Eh bien ! M. Louis-Auguste Martin n’en est nullement étonné. Il a réponse à tout ; c’est que la morale des Chinois n’est pas assez la morale par elle-même ! Et probablement ce n’est pas chez ce peuple cul-de-jatte, qu’elle progressera assez pour le devenir.

Oui, ce qui l’empêchait d’entrer, cette morale, dans les mœurs, c’est d’abord le vilain bambou, incompatible avec le droit humain ! Puis, c’était aussi le droit de