méditation, que les tendances de M. Reynaud sont plus vives et plus fortes que ses facultés.
Le traité de Terre et Ciel, qui résume toute sa vie intellectuelle, car il a été effeuillé dans des revues et des journaux depuis dix ans, ce traité, regardé comme un système, à toute solution, par un petit nombre de gens solennels et mystérieux, qu’on pourrait appeler les Importants de la philosophie, est, qu’on nous passe le mot (le seul qu’il y ait, hélas ! pour exprimer notre pensée), un perpétuel coq-à-l’âne sur les relations du temps à l’éternité. Pour un métaphysicien, qui doit connaître les éléments de la science qu’il cultive, et n’avoir pas de distractions, M. Jean Reynaud est entièrement étranger à la conception de l’éternité ; ou s’il la pose parfois, il l’oublie. C’est qu’au fond il n’a rien de net, de ferme, de péremptoire et d’arrêté dans l’esprit. Il patauge.
« L’infinité, dit quelque part ce panthéiste, malgré lui ou à dessein (lequel des deux ?), l’infinité est un des attributs de l’univers. » Mais l’infinité est le contraire de la mesure, comme l’éternité est le contraire du nombre ! Des écoliers sauraient cela, et voyez la singulière conséquence ! Si on met l’infini à la place de l’étendue, où pose-t-on l’axe du monde et que devient pour M. Jean Reynaud cette gravitation dont il et si sûr et si fier ? Dans le chapitre de l’homme, où le récit de la Genèse est culbuté par l’hypothèse, l’éternelle hypothèse du développement progressif de la vie et de « la création graduelle », M. Jean Reynaud méconnaît l’Absolu divin. Il semble ignorer que Dieu soit un acte pur et ce que c’est même qu’un acte pur ! Il s’imagine que Dieu, comme l’homme, a son chemin à faire