enseignement, à l’autorité, à la tradition, à la révélation surnaturelle, à tout ce que la Philosophie appelle dédaigneusement le mysticisme, car le mysticisme seul est assez fort pour répondre quand le rationalisme reste muet. En se limitant dans l’ordre des choses naturelles, la science de Dieu n’existe pas, à proprement parler ; car, pour qu’une science soit, il faut en connaître tous les termes, et Dieu, c’est le terme infini ; mais la croyance en Dieu scientifiquement doit être, parce que, si cette croyance n’était pas, aucune explication ne serait possible, et que rien de ce qui ne serait pas Dieu ne s’entendrait. Quand saint Anselme posait l’argument purement métaphysique, le théologien, le moine inspiré lâchait donc la réalité, pour courir après l’ombre. Il entrait dans le domaine des discussions humaines, fatalement entrecoupées de ténèbres et de lueurs flottantes, et il y apportait son génie. S’il n’ébranla pas en lui les robustes certitudes de sa foi, c’est que le Saint préservait l’homme des doutes du métaphysicien ; mais si le danger ne fut pas pour lui, il est pour d’autres, à cette heure, et dans un siècle où l’obéissance en toutes choses cherche vainement des saint Anselme qui foulent aux pieds leur propre pensée, lorsqu’il s’agit d’obéir.
Ainsi, le Saint, l’homme de la foi et de l’obéissance, voilà le grand côté de saint Anselme, qu’un historien, qui n’eût pas été philosophe, aurait fortement éclairé. Si M. de Rémusat s’en était tenu, pour les besoins d’une cause qui est la sienne, à un commentaire sur les dissertations métaphysiques du grand abbé du Bec, nous n’aurions rien à ajouter à ce que nous avons dit de ce commentaire. Mais M. de Rémusat