Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/475

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dans ce que nous appelons l’inconvénient de l’Imitation, c’est-à-dire la métaphysique.

S’il en est ainsi de Lamennais, que pouvons-nous dire de Beauzée le grammairien et de Le Maistre de Sacy le janséniste ? Quant à Corneille, ce n’est pas un traducteur, quoiqu’il ait voulu l’être : c’est Corneille. Il y a des choses cent fois dignes de l’auteur de Polyeucte dans sa paraphrase, mais c’est précisément pour cela qu’il ne traduit pas ce livre d’ombre fait par une ombre qui n’a qu’une voix comme un souffle, — la voix de l’esprit, — et qui semble sortir d’un in pace. Le génie de Corneille déborde tout, et l’agrafe de son vers ne le retient pas même à son auteur, — évidemment cet homme-là n’est pas fait pour suivre. L’écrivain quelconque de l’Internelle Consolacion déborde aussi son texte, mais il ne le transforme pas, il ne le transfigure pas avec cette toute-puissance qui fait qu’il n’y a plus là que du Corneille. Il l’orne, il l’atourne, il l’amollit, il lui communique de certains charmes, mais il ne le dévore pas comme Corneille, pour en jeter, après, les cendres aux vents.


VI

Les éditeurs actuels de l’Internelle Consolacion, MM. Charles d’Héricault et Moland, connus déjà par des travaux d’une érudition qui ne se contente pas de rechercher, mais qui pense, ont fait précéder leur travail d’une introduction très-fermement écrite, dans laquelle ils ont agité toutes les questions littéraires qui