Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/88

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Taine n’a pas eu l’illusion d’une même philosophie. Il n’est pas philosophe à la manière de M. Simon. Ce n’est pas un panthéiste que M. Taine, c’est mieux, c’est-à-dire, pis ; mais il a pour le panthéisme les bontés qui conviennent à un homme comme lui.

Or, l’humble M. Simon n’est, lui, qu’un simple déiste, mais tout simple déiste qu’il soit, il a, précisément dans le livre dont M. Taine est le cornac sonore, appliqué au Panthéisme ce dernier coup de pied qui fait mourir deux fois les lions mourants… Quelle raison secrète a donc dicté la réclame de M. Taine ? .. Est-ce le rachat d’un ancien silence, jugé impertinent par la Maison dans laquelle MM. Taine et Simon travaillent tous les deux ?… Les philosophes auraient-ils leurs expiations ou leurs pardons d’injures, comme ces misérables chrétiens qu’ils méprisent ?… ou ne serait-ce encore et toujours que la coalition, éternellement prête à se reformer, de toutes les philosophies contre la religion chrétienne ? ,.. Quoi qu’il en soit, du reste, je ne repousse pas l’arithmétique de la réclame. Eh ! pourquoi M. Jules Simon n’aurait-il pas ses deux cent mille lecteurs, tout comme un autre ? .. M. Henri Martin les a bien ! Pourquoi M. Jules Simon ne serait-il pas le Henri Martin de la philosophie ? Il a tout ce qu’il faut pour cela !

Pas tout à fait pourtant ! Ce serait vraiment trop dire. M. Henri Martin, — on le verra mieux dans l’étude que nous lui consacrerons, — a sur un fond terne un relief comique, un seul, — il est vrai, — mais très-comique, il faut l’avouer. Il a le regain d’imagination, qui fut suffisant pour produire cette ineffable plaisanterie du druidisme, guy d’un ridicule fabuleux,