Dans son coquet chapeau de paille d’Italie,
Des qu’elle se montrait, les moineaux, fol essaim,
S’en venaient picorer dans le creux de sa main
La cerise pour eux sur la branche cueillie. Jamais cour plus fidèle et reine plus jolie.
La reine avait grand cœur, sa cour avait grand faim. L’avare jardinier maugréait, mais en vain.
Il rêvait d’en finir avec cette folie. Elle est morte ! Un matin, le méchant jardinier
Du chapeau de l’enfant coiffe le cerisier,
Comme un épouvantail contre la gourmandise ! Artifice trompeur ! Les oiseaux familiers,
Pensant revoir leur sœur, accourent par milliers.
Le cerisier, le soir, n’eut pas une cerise.
Vous le voyez, c’est la mort et c’est son ironie, à travers le riant et la grâce de ce charmant petit tableau. M. Joséphin Soulary a beaucoup de Sonnets pareils dans cette délicieuse nuance, et que nous sommes aux regrets de ne pouvoir citer, mais ce n’est pas là le vif de son originalité de poète, quoiqu’elle y soit encore. M. Joséphin Soulary, qui a le riant des teintes, comme on vient de le voir, est bien plus profondément lui-même, quand il est grave, fort et poignant dans sa couleur âprement foncée, ainsi qu’on peut le voir dans ses Métaux, par exemple, ou dans son Hydre aux sept têtes, lesquelles ne sont rien moins que les sept péchés capitaux. Artiste surtout en choses amères, qui sculpte la larme, quand elle est durcie, avec la pointe d’un couteau, et qui aime à tordre, comme il tord son vers, ce qu’il enfonce dans sa poitrine,