Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’enjambements. N’est-ce donc pas une chose à regretter ? Devenu histrion d’art par amour de l’histrionisme, ce divinisateur du tremplin l’a transporté définitivement dans la vie de sa pensée. Ce n’est pas pour lui seulement une image. Mélange singulier d’Auriol et de Commerson, mais centaure où, dans un temps donné, la bête doit dévorer l’homme, le rimeur des Odes funambulesques ne roulera pas, comme il le dit, hélas ! après M. Vacquerie, « tout échevelé dans les étoiles, " mais il pourra prendre, sans se mettre à feu et à sang, un engagement de chapeau chinois dans la musique bouffe du Tintamarre… et s’y distinguer.

III

Assurément, s’il n’y avait en tout cela qu’un poète de moins, nous qui aimons les poètes, nous en porterions le deuil et tout serait dit ; nous n’en parlerions plus ! Mais sous ce morceau de paillon que l’auteur des Odes funambulesques attache à l’épaule de sa Muse, il y a bien plus important qu’un poète, fût-il charmant dans le passé et eût-il pu devenir grand dans l’avenir : il y a la poésie, — la poésie telle qu’elle est acceptée, saluée et malheureusement comprise par beaucoup d’esprits de ce temps. L’auteur des Odes funambulesques,

… Ce barbouillé de blanc,

De jaune, de vert et de rouge,