La matière, bloc affreux, n’est que le lourd monceau
Des effets monstrueux sortis des sombres causes !
………………………………………………………………………
La hache souffre autant que le corps, — le billot
Souffre autant que la tête, ô mystère d’en haut !
Ils se livrent une âpre et hideuse bataille.
Il ébrèche la hache et la hache l’entaille.
Ils se disent tout bas l’un à l’autre : Assassin !
Et la hache maudit les hommes, sombre essaim,
Quand, le soir, sur le dos du bourreau, son ministre,
Elle revient dans l’ombre et luit, miroir sinistre,
Ruisselant de sang et reflétant les cieux ;
Et la nuit, dans l’état morne et silencieux,
Le cadavre au cou rouge, effrayant, glacé, blême,
Seul sait ce que lui dit le billot, tronc lui-même !
………………………………………………………………………
Quel monologue affreux dans l’arbre aux rameaux verts !
Quel frisson dans l’herbe, oh ! quels yeux fixes ouverts
Dans les cailloux profonds, oubliettes des âmes !
C’est une âme que l’eau scie en ses froides lames ;
C’est une âme que fait ruisseler le pressoir.
Ténèbres ! l’univers est hagard ! Chaque soir
Le noir horizon monte, et la nuit noire tombe.
Tous deux à l’Occident, d’un mouvement de tombe,
Ils vont se rapprochant, et dans le firmament,
O terreur ! sur le jour écrasé lentement,
La tenaille de l’ombre effroyable se ferme.
Oh ! les berceaux font peur. Un bagne est dans un germe !
Ayez pitié, vous tous, et, qui que vous soyez !
Les hideux châtiments, l’un sur l’autre broyés,
Roulent, submergeant tout, excepté les Mémoires !
Certainement, à quelque place de l’histoire littéraire qu’on se mette, il n’a été écrit, à aucune époque, de vers plus radicalement mauvais. Détournons-nous de l’inspiration et ne nous préoccupons que du vers dans sa construction grammaticale et rhythmique, et