Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/112

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il l’a faite sentimentale pour la faire plus meurtrière, pour la faire d’un plus large et d’un plus sûr coup de poignard. Vouloir la mort de la Papauté, qui est peut-être, pour Hugo, cette fin de Satan depuis si longtemps annoncée, ce n’est pas là une merveille ! Ils la veulent tous, sans être des Hugo et même en restant des pieds plats, les libres penseurs et les athées de ce temps, comme l’ont voulue, à toutes les époques de l’Histoire, tous les révoltés, tous les hérétiques, toute l’indomptable canaille de l’humanité. Mais la vouloir chrétiennement pour le salut et l’honneur du Christianisme, la vouloir pour sa résurrection, venir, le cœur attendri et les yeux en larmes, présenter à la Papauté le sabre japonais en l’engageant avec suavité à s’ouvrir elle-même le ventre, ceci est une manière de vouloir la mort de la Papauté qui appartient en propre à Victor Hugo, et si, dans le cours de son poème, il n’a pas la moindre originalité d’idées, il a du moins eu celle-là, dans son hypocrite ou son ironique conception !

IX

Oui ! la mort de la Papauté, sans échafaud, voilà ce que veut l’auteur de Claude Gueux, qui, dès sa plus