Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/158

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III

Et comme on le sent, dans ces Mémoires inédits ! Sont-ils assez détachés, en effet, assez éloignés de cette préoccupation de littérature qui, dans les Mémoires des autres poètes, apparaît dès les premiers mots ! Byron montrait, dès dix-huit ans, au sortir de Harrow, l’ongle du lion littéraire qu’il était et qu’il continua d’être… Chateaubriand, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, n’oublia jamais qu’il était Chateaubriand, et ce grand Lettré, qui dans sa prose fut aussi un poète, n’a pas cessé de se mirer littérairement dans toutes les pages de ses Mémoires, l’écrin de ses plus éclatants bijoux, aux feux, là, concentrés. Nulle part on n’avait vu plus de littérature travaillée, archi-travaillée, d’un art qui touche à l’artifice et d’un artificiel qui touche presque à l’artificieux, — nulle part, même dans Chateaubriand !… Les Mémoires inédits de Lamartine sont précisément le contraire de cela. C’est l’histoire la plus simple et la plus unie d’une jeunesse qui ne montre jamais cette prétention de littérature, si exclusive et si tourmentante dans un jeune esprit, quand on l’a. Excepté la romance