Je voudrais que la Critique sauvât le talent en péril d’un jeune homme qui me semble fait pour aller aux astres, comme disaient magnifiquement nos pères, mais à la condition de purifier ses ailes de l’imitation, cette glu qu’il prend peut-être pour une gomme d’or.
Je sais bien qu’il est difficile de déterminer avec justesse là où l’analogie d’imagination finit dans un homme et où l’imitation commence. Le poète de la Chanson des Gueux est d’une race et il porte les signes de sa race. Il ressemble à Villon (par le tour d’imagination) autant qu’il l’imite. Littérairement, c’est un Gaulois. Il a des parentés évidentes avec les grands Gaulois de notre littérature : Rabelais, Mathurin Régnier, tous ces braveurs d’honnêteté dans les mots, — La Fontaine lui-même, si on pouvait comparer quelqu’un à ce délicat de La Fontaine dans ce qui n’est pas délicat : la gauloiserie ! Mais si M. Richepin a des parentés naturelles avec ces Maîtres, noblesse oblige, et il est temps d’introduire dans la famille d’esprits dont il fait partie une individualité nouvelle. L’y a-t-il introduite ? Voilà la question. Rabelais, s’il revenait au monde, et Mathurin Régnier, dont M. Richepin procède plus que de personne, écriraientilsmaintenant ce qu’ils ont e’erit autrefois ?… Croyezvous qu’ils feraient — si l’idée leur en venait — la Chanson des Gueux comme M. Richepin nous Fa faite ?… Non ! Rabelais et Régnier feraient différent