Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/266

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Respectons le morne secret ;

Toute illusion fond en prose.

Qui sait ce qu’on découvrirait

Si l’on retrouvait la clé rose ?

Tous les pleurs du monde ont coulé.

Qu’importe qu’un songe renaisse ?

Pauvre clé rose, elle a roulé

Dans les torrents de ma jeunesse.

J’ai nourri le songe vainqueur ;

J’ai brûlé des plus douces fièvres

Il m’en reste un parfum au cœur,

Il m’en reste du miel aux lèvres !

Quand, le soir, au ciel vous voyez

Tant de poussières argentées,

Pensez-vous aux rayons noyés

Dans ces nébuleuses lactées ?

J’ai vu l’idéal azuré ;

Mon aile a monté dans la nue :

Me plaindrai-je ? Est-ce être ignoré

Que d’être une étoile inconnue ?

Les points vous l’ont dit, je n’ai pu citer dans toute sa longueur cette adorable pièce, et d’autant plus que je veux faire une autre citation encore. Seulement, les âmes poétiques, presque aussi rares que les poètes, sur ces vers mélodieusement profonds, en auront certainement reconnu un.