Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/29

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éditions des œuvres de La Fontaine, mais sur La Fontaine lui-même, rien !

C’est la mode maintenant, à ce qu’il paraît, de nous donner des Introductions qui n’introduisent plus aux livres, mais qui suivent les livres qu’on publie. On devait aller devant, on va derrière. C’est moins fièrement littéraire, mais c’est plus laquais… Le Diderot des Garnier en était à son douzième volume, et l’Introduction et l’Essai sur la philosophie du XVIIIe siècle ne devait paraître que quand l’ouvrage tout entier serait terminé. Telle n’était pas la coutume de nos pères, qui mettaient le cœur à gauche et les introductions à leur place. Mais nous avons changé tout cela… Est-ce par amour pur du changement, ce petit sentiment révolutionnaire ?… Ou, comme la comtesse de Pimbêche, criant, quand l’Intimé parle au juge Dandin par le soupirail :

… Il s’en va lui prévenir l’esprit !

eraint-on de prévenir l’esprit du lecteur et de nuire à l’indépendance de son jugement, à la liberté de sa pensée ? Les enseigneurs d’à présent sont si plats devant ceux qu’ils doivent enseigner ! Autrefois, les maîtres mettaient à genoux les élèves. A présent, les élèves y mettent leurs maîtres. C’est de là qu’ils enseignent… Est-ce plutôt, enfin, — et tout simplement, —parce que les messieurs, pour la plupart parfaitement inconnus, chargés de ces besognes des Introductions et des Notices,