ALFRED DE VIGNY
I
L’ami auquel le comte Alfred de Vigny avait commis le soin de cette publication dernière, ne l’a fait précéder ni d’une notice ni d’une préface. Il s’est abstenu avec un chaste respect de jouer sur la viole du Sentiment les grands airs trop connus que la Vulgarité aime à y jouer en l’honneur du génie mort, assez heureux pour ne pas l’entendre. Je ne serais point étonné que le comte de Vigny n’eût lui-même défendu toute préface ou notice à la tête de ses œuvres, comme il avait défendu tout discours officiel sur sa tombe. L’Académie, cette éructatrice de discours, fut obligée de s’y taire et de s’en revenir avec les siens sur l’estomac. Tout ce qui est chétiveté d’amour-propre, banalité de
1. Œuvres posthumes. — Les Destinées, poèmes philosophiques.