Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est bien belle. Mais, ici, l’action du poète est encore plus belle et plus poétique que ses vers !

II

Du reste, si nous n’avons pas de notice à la tête de ces dernières poésies d’Alfred de Vigny, nous avons un portrait qui vaut mieux qu’une notice, et qui dit sans phrase, à ceux qui ne l’ont pas connu, ce que fut Alfred de Vigny de sa noble personne. Très ressemblant toujours, quoiqu’il aitété fait au milieu de sa vie, ce portrait traduit exactement l’idée que l’Imagination prend d’Alfred de Vigny en lisant ses vers. Le Romantisme de 1830, dont il fut un des Rois chevelus, s’y atteste par une opulente chevelure blonde, digne du peigne d’or avec lequel il la peignait peut-être, cet homme qui avait, pour les autres, le culte de soi des natures élevées et délicates, en toutes choses… Alfred de Vigny ne fut point un dandy comme Byron et comme Alfred de Musset, qui, lui, commença comme Byron et finit comme Shéridan. Mais, sans s’arrêter à cette ligne extrême du dandysme, de Vigny avait pourtant le sentiment de la forme, — de la beauté voulue dans tous les détails de la vie, qui répugne à