Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/67

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II

Il a lui-même écritsavie, etelle ouvre le premier de ces quatre volumes que nous avons là sous les yeux. Il l’a écrite pour ses enfants et à la troisième personne, et la prose de ce poète, qui a coulé la sienne dans ce moule à balles du vers, du vers qui concentre si fort la pensée, prouve une fois de plus que c’est avec des poètes qu’on fait les plus grands prosateurs ! Plus heureux en cela qu’André Chénier, le guillotiné de génie dont toute la vie fut dans la mort, Agrippa d’Aubigné eut une vie poétique jusqu’à sa dernière heure, et cette heure fut tardive. Il mourut à quatrevingts ans. Ce partisan, qui le plus longtemps combattit pour la royauté, naquit au pays où devait naître, deux siècles plus tard, Charette, un autre partisan. On l’appela Agrippa [d’œgrèpartus), parce qu’en venant au monde il avait tué sa mère et failli lui-même de mourir.Tout le monde sait que son père lui fit faire, dès son âge de huit ans, contre les catholiques, le serment que le père d’Annibal avait fait faire à son fils contre les Romains, un jour qu’en passant à Amboise il avait vu sur un bout de potence les têtes coupées de