Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/78

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sujets et qui les féconda. Lyrique, élégiaque, didactique (car il y a, toujours dans le troisième volume de ses Œuvres, un poème didactique de Quinze chants intitulé l’Univers), cemagnus parens dans l’Histoire littéraire avait l’étoffe de tout, — mais l’emploi de l’étoffe qui est l’Art, qui est le fini, qui est la beauté accomplie, lui manquait. Et c’est là ce qui explique qu’il soit si longtemps resté obcur, beaucoup mieux que les Dragonnades de Louis XIV, comme disent ses.éditeurs avec trop de ressentiment protestant. La grande force poétique d’Agrippa d’Aubigné ne peut pas être isolée de son siècle. Il a besoin, pour être légitimement admiré, d’une date au-dessus de sa tête. Or, une date n’est pas une étoile. Avoir besoin" de ce pauvre rayon d’une date au-dessus de sa tête, n’est-ce pas tout ce qu’on peut dire de pis du génie, qui ne relève pas du temps et qui est absolu comme Dieu ?…