Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/98

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volé… être dévalisé de l’espérance d’un chef-d’œuvre, j’aurais mieux aimé une autre forêt de Bondy que celle-là !

Oui ! les vieilles forêts, les vieilles églogues savantes, les vieilles bucoliques Renaissance des Contemplations, voilà ces Chansons des rues et des bois, qui mentent trois fois à leur titre : car elles ne sont ni rues, ni bois, ni chansons ! Ainsi, après avoir passé par la première Légende des Siècles, ces sublimes Petites Épopées qui me faisaient demander la grande, Victor Hugo ne s’est pas renouvelé. Après un si superbe élan, il a reculé dansle Ronsard des Contemplations, qui n’étaient elles-mêmes qu’une reculade dans le Ronsard de 1830. Repris, remmené et surmené par l’amour de ce qu’il n’a pas, par l’admiration de ce qui lui est impossible, Victor Hugo, ce gigantesque Trompette-major fait pour sonner toutes les espèces de charges, a voulu être un Tircis littéraire et souffloter, et trembloter, et chevroter dans la flûte en sureau de l’Idylle, avec ces lèvres et cette poitrine qui sont de force, vous le savez I à fendre les spirales d’airain des plus durs ophicléïdes. Et encore, s’il n’y avait que cela, il aurait fait éclater la flûte et cela pouvait être beau ! Mais il a fait bien pis ; il l’a faussée… Cet Idyllique démesuré et pédantesque, qui barbouille sur un pipeau de carnaval des motifs classiques et grecs et des motifs romantiques, n’est, après tout, qu’un chercheur laborieux d’effets qu’il ne trouve pas, et par-dessus tout un Parisien pur-sang ou impur-sang