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M. DE RÉMUSAT

que lui ; mais cette imitation, ce staëlisme-Ruolz a fatigué bien vite cet esprit mou, sans fécondité réelle, sans verdeur, ni couleur, ni chaleur, ni saveur, et il est retombé au style de son tempérament qui ne lui permet pas les excès. M. de Rémusat a la chlorose de l’esprit. Je le lègue à Baudelaire ! Aussi est-il (M. de Rémusat) une des plumes les plus honorablement incolores de la Revue des Deux Mondes et les plus chères à l’œil unique de M. Buloz. On dirait que, quand il écrit, M. de Rémusat a toujours en pensée le pauvre œil dont il faut ménager la faiblesse. En philosophie, M. de Rémusat s’est interdit d’être un penseur. C’est un éclectique et un biographe. Il a touché, sans trembler, aux plus grosses têtes avec ses petites mains, un peu fates à Bacon, Descartes, Joseph de Maistre, etc., etc. Une fois même, il fit tout un livre sur saint Anselme ; mais il a été