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M. JULES SANDEAU

veut des romanciers, la charmante moderne qu’elle est ! qui ne voulut pas de Balzac, il est vrai, mais qui prend des Sandeau tant qu’il y en a, et laisse là Léon Gozlan !… Léon Gozlan, un esprit chaud, coloré, condensé, aiguisé, vivant et vibrant, plein d’invention, un maître qui fait d’abord le diamant et qui après le taille, et quand il n’a pas de diamant, qui prend un bouchon de liége et en fait sortir le feu du diamant par une incroyable magie !… Mais savent-ils même à l’Académie qu’il existe un Léon Gozlan ?…

Que pense M. Sandeau en philosophie, en histoire, en législation, en politique, en religion, la question suprême ? On sait tout cela d’un grand romancier. Je le dirai de Daniel de Foe, de Walter Scott, quand on voudra ; mais M. Sandeau n’est pas un grand romancier. C’est un petit conteur de contrebande,