Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/139

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et pour le moment très-nouvelle. C’était le mariage châtiant l’adultère (à la fin !). Sous une plume de plus de génie ou seulement de plus de moralité que la plume de M. Feydeau, cette idée-là aurait pu produire quelque chose d’utile et de grand. Au fond, lorsque l’on y regarde, cette fameuse Fanny n’était pas plus que cela. Une idée puissante galvaudée et du talent, oui, mais d’une équivoque originalité. Était-ce donc la peine de faire tant de bruit ?

Cependant le bruit s’était fait. Le succès a été des plus sonores, et qui l’eût contesté l’eût fait retentir davantage… Littérature aux mêmes camellias que la dame de ce nom, la Fanny de M. Feydeau, cousine de la Marguerite Gautier de M. Dumas, cousine aussi de la Madame Bovary de M. Flaubert, mais de plus sa très-humble servante, la Fanny de M. Feydeau a été l’événement de l’année précédente, comme disent les badauds de bonne volonté, qui portent à dos tous les pavois, ces crocheteurs du succès ! Au bruit littéraire, il s’est même ajouté un autre bruit bien plus friand que le bruit littéraire pour les amateurs… le bruit du scandale, et enfin, pour comble de friandise, le scandale est venu des scandaleux. Fanny, comme Dorine, a été convertie avec le mouchoir de Tartuffe ; mais savez-vous de quelle poche il était tiré ?… Comique, plus comique que celui de la comédie !

Nous avons eu la pudeur outragée des bohémiens de la petite presse, des femmes libres et de tous les écrivains à l’état de compote dans l’adultère de leurs livres depuis vingt ans, tous indignés et rouges écarlate parce que M. Feydeau se permettait de déshonorer l’adultère