Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/227

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siècle, pourrait donc reparaître au dix-neuvième avec des choses de moins, il est vrai, mais aussi avec quelque chose de plus ! Assurément nous ne comparerons pas à l’auteur de Marianne, des fausses Confidences, des Jeux de l’Amour et du Hasard et de tant de chefs-d’œuvre où l’art est retors jusqu’à l’artifice, un auteur à l’aurore de ses premières pages, qui a du sentiment comme Chérubin dans sa romance, et qui, comme Chérubin, est très-joli garçon en femme, ainsi qu’il l’a prouvé dans sa Confession d’Antoinette, dont tout à l’heure nous allons vous parler. Pour cela, je ne suis pas assez… sa marraine. Mais je n’en vois pas moins l’analogie et je la signale.

M. Deltuf descend de Marivaux. Plus tard, en travaillant et en développant son genre de talent, montera-t-il jusqu’à son ancêtre ?… Sera-t-il le Marivaux du dix-neuvième siècle, un Marivaux inespéré, avec la couleur que le dix-huitième siècle, qui ne mit du rouge qu’aux joues de ses femmes, ne connaissait pas, et que n’avait point Marivaux, dont les grâces étaient incolores, mais qui s’en vengeait par l’expression et le mouvement. Pourquoi M. Deltuf n’aurait-il pas, lui, des grâces irisées, ayant le mot brillant pardessus le mouvement qui charme, le mot que le mouvement même de la pensée ferait mieux briller ?…


III

Et déjà il a commencé de les avoir, du reste. Dans les deux nouvelles supérieures du recueil de M. Deltuf, —